Cinnabar, de Estée Lauder a été lancé en 1978. Le parfumeur derrière cette création est Bernard Chant and Josephine Catapano. Il a les notes de tête de Bergamote, Clous de girofle, Fleur d'oranger, Pêche, Notes épicées, and Mandarine, notes de cœur de Œillet, Cannelle, Jasmin, Lily, Muguet, Rose, and Ylang-Ylang, and notes de fond de Ambre, Benjoin, Encens, Patchouli, Bois de santal, Baume de Tolu, Vanille, and Vétiver.
Oh Cinnabar ! Tu es magnifique, magnifique ! Tu es arrivé du mauvais pied, même si ton timing était parfait ! Eclipsé à jamais par Opium, mon oriental préféré, Cinnabar vient aussi en premier, présentant des notes et des humeurs différentes, mais appartenant toujours à ce panthéon d'épices que Tabu et Youth Dew ont aidé à construire. Revue de l'edp splash de la fin des années 70 et de l'edp de 2010. On dit que l'imitation est la forme la plus sincère de la flatterie, mais si Cinnabar imite quelque chose, c'est simplement la lignée qui l'a précédée. Tabu a ouvert la voie aux épices animales, Youth Dew a suivi dans son style Americana country, et à la fin des années 70, Opium est né, volant tous les flashs et restant sous les feux de la rampe pendant toute une décennie. Comment Cinnabar pouvait-il rivaliser ? Il y a quelque temps, j'ai lu dans The Black Narcissus que la plupart - sinon tous - les Lauders vintage ont un "riche accord divorcé" qui les imprègne, créant un style quelque peu guindé. D'une certaine manière, c'est vrai, mais cette riche divorcée se met au travail, se salit les mains, et lorsqu'elle organise une fête, elle passe la journée dans la cuisine pour s'assurer que tout est parfait, avant de s'habiller pour ses invités (et pour elle-même) et de les accueillir avec un sourire chaleureux. Elle n'est pas née riche et elle sait travailler. C'est peut-être ça, Estēe. Et comme une véritable artiste, c'est cette partie d'elle qui vit dans ses parfums ! Cinnabar est un oriental floral surchargé, plus floral qu'Opium et Youth Dew. Il s'agit des mêmes épices que précédemment, mais accessoirisées avec les essences florales les plus fines et les notes d'agrumes les plus juteuses pour les animer. Cinnabar vous lance le rack d'épices, mais ne le laisse pas prendre le dessus. Au contraire, les fleurs adoucissent l'ensemble et la douceur de l'ambre et du bois de santal plane comme un drapé de soie. Et il y a tout, sauf l'évier de cuisine ! Mais il n'est pas écrasant ; les aldéhydes brillants éliminent l'opacité et donnent l'impression qu'il s'appelait à l'origine, Soft Youth Dew (rosée de jeunesse douce) ! Estēe a déjà emprunté cette voie et pour les grandes et brillantes années 80, elle voulait quelque chose d'un peu différent. On retrouve donc les clous de girofle, l'œillet et les épices, le tout habillé d'ylang beurre, de roses sombres, de jasmin narcotique et de tubéreuse, avec des éclairs de lumière, des aldéhydes, du muguet, de la mandarine, sans pour autant sentir le pompon. Les néons de la discothèque. La pêche et la vanille apportent de l'onctuosité, le bois de santal et l'encens ramènent à l'orient avant d'atterrir sur un lit de mousse de chêne, de muscs et de civette. La sensation d'amidon, comme un fer à repasser chaud et probablement due aux aldéhydes, est ce qui le distingue des autres et le rend étouffant pour certains. Je ne ressens pas cela. Si Opium porte un kaftan lumineux, est bronzé et danse toute la nuit dans Les Bains Douches ou Le Privilège, Cinnabar dîne dans un restaurant chic et se rend ensuite au Studio 54 pour danser et s'amuser, sans drogue. Elle porte un corsage métallique, un pantalon de soie et ses cheveux sont gominés. Cinnabar Vintage, c'est tout cela ! Cinnabar 2011 contient plus d'aldéhydes amylacés, moins de fleurs et moins d'épices, mais sent toujours Cinnabar, et si l'on se place dans une perspective de plus de 30 ans, elle a finalement éclipsé Opium (le moderne) ; alors que l'Opium actuel sent le bon marché, le plastique et le criard, avec beaucoup d'amidon de fer chaud, Cinnabar sent surtout comme avant, riche accord de divorcée inclus. La différence, c'est que dans Cinnabar, c'est naturel ! Si vous trouvez du vintage, n'hésitez pas à vous y plonger ! Mais si vous avez le choix entre les formules actuelles, oubliez Opium et optez pour Cinnabar. Le temps a été plus clément avec elle, et aujourd'hui elle éclipse momma Youth, Opium, Coco et tout ce qui se trouve entre les deux et qui, à une époque, lui a volé la vedette.