Cela fait des années qu'un Serge Lutens ne m'a pas fait d'effet. Le dernier était la merveilleuse jacinthe métallique Bas de Soie. Tout ce qui a suivi m'a semblé (et senti) comme un Serge en absence. Et puis est arrivé Fils de Joie au début de cette année. Et je sens à nouveau l'oncle Serge ! En bref ? Prenez Tubereuse Criminelle et ajoutez une cuillerée de Poison Esprit de Parfum vintage ; Fils de Joie. Tubereuse Criminelle, ainsi que MKK et Miel de Bois, sont mes Serges. Ceux que j'aime vraiment. Ce départ camphré mentholé incroyablement glorieux est de nouveau là. Mais cette fois-ci, elle est 100 fois plus forte. Il faut en tenir compte. Impoliment charnel, légèrement métallique, diablement camphré, il rend tout froid, austère et, à mon sens, sexy en diable. Je ne peux pas me défaire de l'association avec la tubéreuse, et il se peut qu'il y en ait une petite quantité cachée ici aussi. Mais ce qui commence à se manifester, lentement, après une ouverture intense, c'est le jasmin qui fleurit la nuit. Et je connais son odeur par cœur ! Appelé Pakistanos à Chypre, je l'ai cultivé avec une plante devant ma fenêtre. En été, son odeur nocturne se sentait à des kilomètres à la ronde, et par nuit chaude et humide, il était parfois impossible de respirer. Ici, le parfum rappelle celui de la fleur au crépuscule d'une soirée sèche. L'odeur est moins suffocante et plus sèveuse/verte ; le miel la rend plus sucrée qu'elle ne sent mais ne la rend pas étouffante, car le jasmin est toujours présent dans une nuance de bourgeonnement vert, comme pour contrebalancer la lourdeur du pakistanais. Deux fleurs, côte à côte, que l'on sent toutes les deux à la fois. Après Joy, mon deuxième jasmin préféré ! D'où vient Poison ? Il y a un voile fruité sombre qui plane sur l'ensemble du parfum, avec un musc ou une civette capiteux et sale qui donne tout son sens à ce parfum ; on ne peut pas avoir une odeur de musc blanc et propre, il faut (et heureusement on obtient) un animal autour pour vraiment faire naître sa sensualité. Tout cela ressemble à l'odeur d'un quartier méditerranéen à la fin de l'été. Le jasmin est omniprésent, la chaleur commence à se dissiper, mais il faut quand même ouvrir toutes les fenêtres. Et la nuit, quand les fleurs commencent à montrer leur plein potentiel, c'est là que se trouve Fils de Joie. Le sillage n'est pas très important pour moi, mais il se projette bien et facilement avec quelques vaporisations. La longévité est très bonne. Et un parfum comme celui-ci a besoin de chaleur pour s'épanouir, donc j'ai l'impression que la fin du printemps et l'été vont sentir bien mieux maintenant. Très sombre, il tache les vêtements de couleur claire, donc attention ! Bon retour oncle Serge :)
J'ai récemment essayé La Dompteuse Engagée, et bien que je l'apprécie, il me manquait quelque chose, je désirais une profondeur riche et sirupeuse. Fils de Joie est exactement ce qui me manquait. Des floraux blancs chantants et un miel épais, mais pas gourmand. Légèrement vert-bananier/tubéreuse grâce à l'ylang. Contrairement à beaucoup de parfums de Serge Lutens, celui-ci ne semble pas métallique ou synthétique (et pourtant, j'en aime certains). C'est d'un autre niveau. Je l'ai porté toute la journée aujourd'hui, le jour de printemps le plus chaud de cette année à Paris, et c'est absolument merveilleux. Il est fort mais parvient à bien s'adapter à chaque situation, sans dominer l'espace aérien et sans cri ou grattement (cela dit, je l'ai appliqué avec soin). Celui-ci est maintenant à côté de L'incendiaire comme mon parfum préféré de Serge Lutens.