Beautiful, de Estée Lauder a été lancé en 1985. Le parfumeur derrière cette création est Bernard Chant, Max Gavarry, and Sophia Grojsman. Il a les notes de tête de Bergamote, Cassis, Feuille et bourgeon de groseille, Notes fruitées, Galbanum, Citron, Lily, Orange Mandarine, and Rose, notes de cœur de Œillet, Camomille, Souci anglais, Freesia, Géranium, Jasmin, Lilas, Muguet, Magnolia, Mimosa, Narcisse, Néroli, Fleur d'oranger, Sage, Tubéreuse, Violet, and Ylang-Ylang, and notes de fond de Ambre, Bois de cèdre, Musk, Bois de santal, Vanille, and Vétiver.
Beautiful est tout simplement, et bien, Beautiful ! Dans sa formule vintage originale. Mais c'est aussi une sorte de bizarrerie pour les standards Lauder. À l'époque de son lancement, dans les années 80, Lauder avait Azurēe, Private Collection, Youth Dew, Cinnabar... il manquait un grand floral, mais d'une manière ou d'une autre, ce n'était pas ce que l'on attendait de la maison. Parmi les chypres chiants et les orientaux ardents, genres qu'Estēe connaissait sur le bout des doigts, Beautiful était le choix évident qui manquait au répertoire. Mais il n'est pas non plus à sa place. D'abord, il n'y a pas de signature pour la relier à Lauder, et ensuite, Bernard Chant et Sophia Grojsman ? Je ne pourrais pas reconnaître leur style même si on me pointait du doigt avec une cuve de Beautiful. Beautiful a été lancé comme un parfum de mariage permanenté, romantique et épaulé. C'est du moins ce que les publicités voulaient nous faire croire. Mais sous l'excès, c'est un étourdissement aux proportions gigantesques qui a en quelque sorte laissé une empreinte pour les futurs Boucheron et Amarige, et qui a également établi la norme pour les arrangements floraux/parfums romantiques mais excessifs. D'un point de vue culturel, les Américains ont eu Beautiful, les Européens ont eu Ysatis. Dès le coup d'envoi, le bouquet floral envahit l'air. Tubéreuse, jasmin, œillet, mimosa, ylang ylang... les fleurs les plus riches et les plus beurrées ne perdent pas de temps pour vous faire savoir qu'elles sont là. La salve qui les accompagne reste simplement en arrière-plan. Un soupçon de violette et de lilas apporte une austérité classique, mais de courte durée. Et la base riche rehausse les fleurs avec de la vanille et de l'ambre. Il n'y a pas de modestie. Beautiful est gigantesque, enivrant, engloutissant. Et il a tous les droits d'être grand ; on a l'impression qu'il a pris les meilleures qualités d'Ysatis et les a américanisées, imprimant le style de la maison et au lieu d'aller vers un animalisme flagrant, il a opté pour une touche plus classique. Parce qu'en fin de compte, Beautiful est un grand floral magnifiquement composé qui brille du début à la fin. Tout sent plus grand que la vie, tout semble réel, tout comme l'époque se sentait être la version la plus grande et la meilleure de la réalité. Beautiful n'aurait pas fonctionné à une autre époque. Lauder a suivi la grande tendance en lançant Knowing quelques années plus tard, et en les sentant côte à côte, on reconnaît dans le second des aperçus du premier. Beautiful était anti-Lauder parce que Lauder n'avait tout simplement jamais fait ce genre de parfum auparavant. Vous vouliez des fleurs vertes, des cuirs floraux, des chypres et des orientaux, vous aviez ce que l'Amérique pouvait offrir de mieux au comptoir du grand magasin le plus proche. Mais une fois que le parfum a fait son parcours de 24 heures sur votre peau, c'est sans équivoque Estēe Lauder à son meilleur ; la maison a accueilli le floral des années 80, en a tiré le meilleur, et l'a fait sentir comme l'un des catalogues impressionnants et suprêmement classes de la maison. Il y avait du drame et de l'opulence, mais aussi un peu de sécheresse, de mousse de chêne et de bois pour le rendre élégant et éviter qu'il ne sente bon marché. Et c'est là que réside l'art de Beautiful ; il était pompeux mais ne pouvait pas cacher son pedigree élégant. Le sillage et la projection d'un edp du milieu des années 80 sont importants mais limités, s'animant avec les variations de température et de mouvement. Longévité ? De "Oui, je le veux" à la fin de la lune de miel. Ou au moins comme une soirée avec Andy Warhol !